Savana, Houba’sister, crepuscule 2

14 h « l’intervention s’est bien passée mais elle est très fatiguée. Rappelez dans 1 heure ». 15h « elle a saigné, elle est très fatiguée, vous ne pourrez pas la récupérer à 17h30, rappelez à 17h30 » 17h30 enfin le chirurgien « la rate a saigné, il était temps. Elle est très fatiguée, venez à 19h, vous verrez par vous-même » 18h45 j’y suis, je vais dans son box pour la réconforter le temps que le Dr L finisse sa consultation. Une lampe UV la réchauffe car sa température est basse, elle est anémiée. Elle remue la queue mais se recouche aussitôt. Nous restons l’une contre l’autre. Un seul autre chien est en box, sous perfusion, avec une collerette, il gémit le pauvre, je lui parle, mais comme je suis installée (sur le sol carrelé, la moitié du corps dans la box) je ne vois pas sa tête. Arrivée du chir. « Vous ne voulez pas nous la laisser cette nuit » NON vous n’allez rien faire de plus, il n’y a pas de surveillance ! elle sera mieux à la maison. « Comme vous voulez, c’est vrai qu’il n’y a personne la nuit. On lui laisse son cathéter au cas ou . Vous allez passer par derrière on va vous la mettre dans la voiture et vous nous appelez demain matin ». J’ai droit à la sortie des artistes en fait l’aspect d’un coupe gorge. (Imaginez un terrain vague à demi fermé par un portail, encombré de vieilles voitures dignes de la casse et de déchets en tous genres, au bout de cette voie-sans-autre-issue 2 véhicules normaux et l’arrière du cabinet ou m’attend une assistante qui dépose Savana sur le siège arrière. Une haie de broussailles et une roubine interdisent d’aller plus loin) Porter les 25 kilos de ma sauvageonne pour l’extraire de la voiture et gravir les quelques marches du perron, avant de la poser dans son lit, font s’envoler les dernières illusions que j’avais de la jeunesse de ma colonne vertébrale.

Savana se love dans son lit et nous la bordons avec une couverture. Elle se laisse envelopper et ne tarde pas à s’endormir, apaisée. Jack a bien essayé de s’installer avec elle sur la couverture, nous l’en avons empêché et Houba et lui l’ont flairé avec insistance. Maintenant ils la laissent se reposer. La nuit est hachée de réveils pour simplement vérifier que tout va bien. C’est le cas. Savana ne bouge pas.

Jeudi 20, Au réveil sa température est remontée à 38°, elle nous suit du regard mais refuse de boire et d’avaler même un mini morceau de steak. J’essaie de l’hydrater à la seringue mais ma sauvage bloque la mâchoire et recrache l’eau . La clinique me demande les nouvelles. Le Dr L veut l’ausculter. Je déplie la rampe, Savana fait l’effort des quelques pas pour monter sur le siège arrière. L. vient m’aider pour la descente. Examen température 38,5 , le pansement  (transparent stérile autocollant censé tenir 7 jours) est impeccable. Les muqueuses sont très pales mais le cœur bat bien. Je demande à L. d’administrer l’antibio que j’ai apporté et qu’elle rejette systématiquement. Il lui faudra plusieurs tentatives pour forcer la mégère à avaler  (et nous sommes 2 à l’aider) voila qui prouve à la gente véto que faire ingurgiter un traitement à un chien qui refuse de boire et de manger, n’est pas une sinécure et qu’il faudrait inventer des médocs en seringues 😉 J’y gagne une seringue à gavage pour tenter un mix soupe/cachet réduit en poudre. Retrait du cathéter (c’est bon signe)  Le Docteur L.  tient à m’accompagner pour  réinstaller Savana dans l’auto. Sauf qu’il la terrorise et que lorsque je déplie la rampe, je n’ai pas le temps de la positionner correctement que Savana se rue dessus pour échapper à son « tortionnaire » . Elle a fait un gros effort qui l’étourdit, assise sur le siège arrière elle vacille comme si elle allait s’évanouir. Panique : L. se précipite ausculte les battements de son cœur. Elle reprend son souffle et nous le nôtre.  Retour à la maison sans encombre : la belle descend sa rampe tout doucement et regagne son panier. Les émotions creusent ! 80 g de steak coupé en minis bouts, à la main, en plusieurs fois ont raison de l’abstinence de mamie grognon que j’hydrate à la seringue.

Samedi 22 , refus de la gamelle mais à 12h alors que je viens d’appeler la clinique au secours, et que je dois leur amener la patiente, je tente 1 boite de sardines à l’huile écrasée… elle lèche d’abord du bout des babines puis avec un soupçon d’entrain. Dans la foulée je tente 100 g de poulet, puis 30g de chèvre, le tout à la main avec force encouragements tandis que les 2 garçons tentent par toutes les ruses et contorsions de voler ces gourmandises en aboyant au scandale contre les pratiques discriminatoires. Qu’importe les menaces des harnais jaunes, nous nous réjouissons d’autant plus que la miss se lève pour boire ! Je rappelle donc la clinique pour leur signifier que tout va mieux et qu’il n’est pas nécessaire de l’examiner encore. Las, le Dr L. tient à vérifier par lui-même. Mais, étant donné l’incident de la veille ils la porteront dans l’auto. Connaissant ma sauvageonne, je déplie tranquillement la rampe sans annoncer mon arrivée. Savana descend à son rythme en toute quiétude. Nous sommes reçus immédiatement. Auscultation et petite injection d’un anti nauséeux booster. .. J’explique que c’est la peur qui a fait se précipiter Savana et qu’il vaut mieux que je l’accompagne seule à la voiture. L. nous observe prêt à intervenir, mais comme je le sentais, la miss attend patiemment que j’installe la rampe et monte sans encombre. Retour au bercail. Petit (tout petit) tour de jardin en laisse, gros pipi et gamelle d’eau YESS ! la seringue de gavage n’a pas mieux fonctionné que les tentatives précédentes , à mon avis les poils de Savana ont davantage avalé du mélange médicamenteux que la patiente.

 

Dimanche 23 Température OK 38,6 ° Ma sauvageonne se lève pour la 1ère fois pour la gamelle et avale en chipotant (mais quand même) 120g de poulet avec 3 grains de riz. Elle boude carottes et Haricots verts qu’elle trie consciencieusement.

Du coup je tente le cachet pilé dans 1 sardine à l’huile d’olive écrasée. VICTOIRE ! le reste de la boite de sardines plairait il à la demoiselle ? OUI ! mieux, elle vient quémander à table (avec succès, est ce utile de le préciser) bien sur les 2 morfales en profitent. C’est la fête. Seuls les fruits ne trouvent pas grâce aux yeux de la belle. Elle sort spontanément, je la piste discrètement et réussis enfin à voir une de ses crottes (désolée pour le détail mais c’est important) NORMALE. L’optimisme gagne la maisonnée.

Lundi 24 Savana avale presque toute sa gamelle (poulet, carottes en purée et riz) dans laquelle j’ai réintroduis 6 croquettes , Mercredi on en est à la moitié en croquettes et la mégère recommence à grogner sur les garçons et aboyer sur les visiteurs. Le pansement est toujours bien en place, elle ne cherche pas à l’enlever. Nous sommes certains qu’elle est sur la voie de la guérison.  Rendez vous est pris pour enlever les points le lundi 31 Mai, nous serons à 12 jours de l’intervention. Samedi j’achète des douceurs pour fêter ça à la clinique.

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