ma prothèse hanchentée, épisode 3

J moins 3 organisation de mon sac d’aventure : 1 pyjama pour le jour d’arrivée,  2 tee shirts rigolos over size pour la suite, sachant que j’aurais les bas de contention, 2 joggings légers mais surtout larges du bas car je ne pourrai pas les enfiler facilement ou en tout cas pas seule, des tennis légers à scratch, serviettes et gants de toilette,  des échantillons de mes produits préférés, mais surtout un brumisateur, des lingettes démaquillantes de bonne qualité et mon séchoir.

2 Octobre   J moins 1

 » venez vers 16h15 il y a moins de monde ce sera plus confortable »   m’avait on conseillé, nous voici  à l’heure dite, et 10 minutes plus tard, notre « hôtesse »  nous accompagne vers  ma « suite junior ».  Présentation à l’accéléré  (d’autres patients attendent leur chambre) des télécommandes : lit, éclairage, volet roulant (celui la buggera tout le séjour), sonnette de SOS, et verrou à code de l’armoire.

Pas le temps de poser la valise, ni de tester le fameux verrou, deux « infirmières Sherpa » interviennent « laissez tomber le verrou, si il se bloque, nous ne sommes pas capables de le débloquer, il n’y a pas de vol ici, »  après vérification de mon identité,  elles nous expliquent le processus : douche de la tête aux pieds ce soir au savon liquide ; douche et shampoing à la bétadine demain 1 heure avant le départ au bloc. Justement, il  est prévu à quelle heure ??? L’anesthésiste passera dans la soirée le dire.  Le labo doit également passer faire une prise de sang. Les ambassadrices disparaissent. Juste le temps de déballer 2  ou 3 affaires, et hop, une autre « sherpa woman » vient nous souhaiter la bienvenue, checker mon identité et le côté à opérer,  et, répète absolument tout ce que le duo venait de nous dire. Manque de communication ou précaution extrême ? Nous l’écoutons comme si nous entendions ses infos pour  la première fois 😉 L’attente commence, je renvoie l’homme : inutile de se morfondre en cœur, j’ai la télé et surtout 2 bouquins  qui devraient me permettre de m’évader.  L’anesthésiste passe vers 20h, et la, j’apprends que ma descente au bloc est prévue aux alentours de 15h … Cherchez l’erreur : pourquoi rentrer la veille ???  Une journée de perdue,  restons zen.

Pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, le technicien de laboratoire termine sa tournée avec moi … . Pique 1 fois, rate ma veine, je lui  susurre de changer de côté, il s’entête, … 6 jours après j’en garde 3 bleus géants. Mauvais présage ? En tout cas, décidément,  le labo  et moi, ça ne connecte pas !

L’infirmière de nuit me demande si je veux quelque chose pour dormir. Non merci en général je dors comme un bébé, oui j’ai cette chance ! Je vous parle du plateau repas ? Potage de légumes (potiron j’aime, une chance), parmentière de poisson. Tiens, c’est la première fois que je vois le hachis de Mr Parmentier ainsi féminisé, erreur ou lacune de ma part ? Et bien merci les cuisines de la clinique St Roch,  grâce à vous et à ce cher Mr Google, j’ai comblé mes lacunes et découvert un blog savoureux (savoureux lui, parce que la parmentière …)  que je vous invite à parcourir si vos zygomatiques s’ennuient http://alafortunedumot.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2011/10/26/corvee-de-patates.html 

Bon, on  oublie la parmentière immangeable, le petit pain et la banane sont congelés, reste le yaourt. C’est là que j’apprécie d’avoir emporté 2 mini sandwichs céréales et graines au jambon de poulet, tomates cerises et huile d’olive (j’ai également des clémentines et une banane- pas surgelée, elle) . Nuit plutôt calme.

J c’est aujourd’hui !  adieu arthrose, coxarthrose et autres boiteries. Réveil très matinal pour vérification des constantes (dès fois qu’un mal fulgurant ne m’ait assailli pendant la nuit) J’ai droit au petit déj. Et de boire jusque 11 heures. J’ai entamé « Sharko » de Franck Thilliez un Thriller, sauf que celui ci est noir, noir !

Tic tac, tic … le temps ne s’écoule plus, les minutes s’éternisent, l’angoisse monte et mon roman est gore, j’ai mal choisi ! Comme j’aurais aimé qu’on m’embarque au saut du lit… enfin 13h45,  je file dans la salle de bains procéder au shampoing rouge. J’ai apporté un séchoir pour tenter de minimiser l’effet hirsute-balais-O-cédar. J’enfile les bas de contention qu’on devrait appeler bas de contorsion et le merveilleux ensemble slip bouffant- blouse-chaussons, bleu schtroumpf. Fin prête pour l’aventure. Une infirmière vient vérifier que je suis OK et confirme que le brancardier doit me récupérer dans le ¼ d’heure.  Mon chauffeur arrive, je m’installe sur mon tapis volant et nous partons visiter les zones interdites. Le terminus provisoire est une grande salle dans laquelle je suis seule (ça change du Parc ou nous étions une quinzaine de brancards à touche touche) Pose du cathéter sur la main (même pas mal, le laborantin de Labosud devrait venir faire un stage) Vérification de mon identité pour la dixième ? fois (j’ai perdu le compte) Une équipe sympathique me prépare,  une infirmière me rebadigeonne de Bétadine en me prévenant « ça va être froid » elle tourne les talons, je demande et la piqure ? « elle est faite » je n’ai absolument rien senti.

Shootée, j’entends les échanges mais loin, je suis en salle d’op. ça discute, ils ont oublié le casque musical promis, mais ce que j’entends est positif et tellement dans un brouillard ouaté que je ne le signale pas (d’ailleurs l’aurais je pu ?) j’entends des bruits de marteau, ce doit être le bouquet final, l’insertion de la prothèse dans le fémur. … « C’est terminé » je suis de nouveau dans la grande salle,  les gars discutent, on badine, le Dr P.E. Moreau arrive, se présente (il aurait pu s’en dispenser : le brouillard se dissipe rapidement et je l’ai bien reconnu malgré son pyjama 😀 )  l’intervention s’est bien déroulée, mon « matériel » en place n’a en rien gêné son geste, il est satisfait.  Voyage de retour vers la salle de réveil avec un brancardier rigolo ; une fois encore, je suis agréablement surprise par l’espace : la salle est immense, propre et claire, et, luxe absolu pour les patients impatients, une horloge murale nous renseigne. Nous sommes peu et suffisamment éloignés les uns des autres pour éviter la sensation boite à sardines  ressentie quinze jours plus tôt au Parc (10 brancards face à 10 brancards, je vous raconterai ça dans un autre post). Mes quelques collègues de réveil ont du opter pour l’anesthésie générale si j’en juge pas leur état comateux, tandis que je peux bavarder gaiement avec les 2 infirmières chargées de nous surveiller. Retour à la chambre aux environs de 20h, je rassure l’homme et clame ma FAIM à qui veut l’entendre … les bonnes fées du couloir me dégotent un sandwich poulet , un flan au caramel, une compote sans sucre et un jus de pomme : Le nirvana !!!!

J + 1 Réveillée à 2 h du matin, impossible de me rendormir : normal ! je me repose depuis la veille 16h de l’après midi.  Et reprends mon polar. Maintenant si c’est sanguinolent, je m’en fiche. Je termine ce mauvais choix en « diagonalisant » quelque peu ma lecture et me promets de blacklister l’auteur. J’ai hâte de commencer «Au petit Bonheur » de Aurélie Valognes

En attendant ma vessie crie vidange, je me résous à sonner, et … OH NON : l’aide soignante est un aide soignant, son humour et son professionnalisme ont raison de mes blocages pudiques. Il n’est pas 8h du matin et « mon » chirurgien est déjà la, il me confirme ce qu’il m’a dit au sortir du bloc (et que j’avais parfaitement mémorisé, mais c’est toujours agréable à entendre) l’intervention s’est très bien déroulée, le « matériel » en place, parfaitement assimilé par mon organisme n’a gêné en rien son acte chirurgical, la visse qui posait question ne lui a causé aucun souci. Mon drain ne donne pas beaucoup, il verra demain mais il est possible que j’obtienne mon bon de sortie en même temps que le retrait du drain, demain à J +2

L’infirmière passe : les constantes … Rappel : Je n’ai pas le droit de me lever tant que le kiné n’est pas passé. Or mon angoisse est d’avoir envie de satisfaire à un autre besoin naturel avant.  Je vous passe les détails, mais ça Pas question. Aussi lorsqu’arrive le petit déjeuner je ne m’autorise qu’une lampée de café de peur de réveiller mon colon. Dors petit, dors !

Toilette dans le lit avec une Aide Soignante fort sympathique qui  range ma pudeur au placard, redonne à ma jambe orange fluo une couleur moins psychédélique et avec laquelle nous parlons chiffon.   Le kiné arrive enfin avec un déambulateur au cas ou. Non merci les béquilles ça ira bien, on fait comment avec le drain ? on l’accroche à la poignée de la béquille et nous voilà partis pour la plus belle promenade de ma nouvelle vie : les couloirs du 2ème étage je marche ! je tourne, je marche !!!! le bonheur. La douleur est celle des suite du « charcutage », mais rien à voir avec les douleurs bloquantes d’avant. Je pose mille et une questions sur les mouvements à éviter les premiers temps, ceux qui me permettront de détourner la difficulté. Le jeune thérapeute, répond avec bonne humeur sans jamais me donner l’impression qu’il répète les mêmes consignes pour la 10 millionième fois. La tête me tourne un peu juste au moment de regagner ma chambre.  Qu’importe, j’ai gagné le jackpot :  liberté dans la salle de bains et après 10 minutes de pause dans le lit, j’en use et j’en abuse ! L’AS n’a plus que mes petons à nettoyer, le reste m’appartient de nouveau. Et ça c’est le luxe !

Trêve d’ablutions, l’homme me trouve debout, une mine superbe, vive la rachianesthésie !  Dans l’après midi, 2èmeséance kiné, impeccable, nous allons dans la salle sherpa tester les escaliers sans béquilles, un pied après l’autre comme les enfants, puis en enchainant YESS ! Tout va très bien, il me montre quelques mouvements que je pourrais faire et que je retrouverai sur le livret de sortie. Les équipes (qui changent beaucoup) sont toutes adorables.  3èmenuit.

J + 2 Lorsque le Dr Moreau entre dans la chambre, comme la veille, j’ai aéré et je suis en train de bouquiner, son verdict tombe : je peux sortir en fin de matinée !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Tout s’enchaine, on m’enlève le redon, une infirmière me refait le pansement, le labo vient pour la prise de sang (aie NON PAS EUX ! et bien cette fois, la technicienne vise le bon bras et pique comme une déesse. Je ne résiste pas au plaisir de lui montrer les dégâts causés par son collègue). La coordinatrice passe, elle ne s’attendait pas à ce que le Dr M. autorise déjà ma sortie, me demande si je suis « vraiment » prête  (à votre avis ? E.T. Maison ! ) et appelle les ambulanciers  pour convenir de l’horaire. L’homme arrive pour finir de boucler ma valisette et emporter tout ce qui pourrait encombrer mon transport. Il ne manque plus que ma dernière séance kiné couloirs. Le voilà, lui non plus n’avait pas percuté que je risquais de sortir ce matin.

ma prothese hanchentée, suite et fin

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