déjeuner à Ambositra, le village des artisans
Nous arrivons Chez Victor ou « Artisan Hotel » avant les groupes (nous sommes dimanche et une animation est prévue) et choisissons une table au frais. Ambositra est un point d’arrêt des taxi-brousse et de nombreuses pistes et routes goudronnées dégradées attérissent dans ce petit chef lieu très animé. L’hotel appartient à un artiste, les bungalows sont en bois sculpté : architecture zafimaniry. Je m’échappe pour faire quelques photos. Rencontre d’un ado : David, qui se promène avec un camarade. David parle un français pratiquement sans accent, il me demande de correspondre avec lui, il aimerait recevoir des cartes postales. Il n’a pas de stylo, moi non plus. Je lui suggère de m’attendre. Je reviens avec de quoi noter et de menus cadeaux. David s’appuie sur une voiture en stationnement pour me noter lisiblement son adresse postale et son mail à l’école. Il se brule sur la carrosserie, n’importe, il s’applique. Nous parlons étude, famille. Il parait tellement heureux de notre rencontre et des échanges de courrier à venir que c’est le coeur léger que je rejoins la table. Rado à l’énoncé de mon récit se montre circonspect mais je n’y attache pas plus d’importance que ça. Le déjeuner est classique : salade de pates à la sardine et assiette de spécialités : porc ou zébu accompagnés de petits pois, pois chiche et riz. Banane flambée au dessert. L’animation : musiciens et danseuses nous laissent indifférents : la vraie vie malgache est dehors. Nous rejoignons le centre à pieds, croisons un hibiscus géant qui serait le plus vieux au monde. Une petite fille nous aborde et nous donne sa « carte » !!! pour qu’on lui envoie des fournitures scolaires. En fait à Ambositra, les enfants sont organisés en véritables commerciaux équipés de flyers. Mission toucher les rares touristes et les citadins résidents en week end, entamer une correspondance et obtenir des aides. A chaque coin de rue, des enfants nous proposent leur carte, je comprends mieux le sourire en coin de Rado tout à l’heure. De retour en France, nous verrons que les histoires se ressemblent : « maman est veuve, elle est malade , tu pourrais envoyer un peu d’argent…. » Nous poserons des questions qui n’obtiendront jamais de réponse et nous enverrons des billets qu’ils nous dirons ne jamais recevoir. Mais la misère est si grande, la corruption tellement présente, qui sait si les enveloppes venant de France ne sont pas ouvertes avant d’être distribuées…
Nous déclinons l’invitation à visiter la taillerie de pierres semi précieuses, nous préférons le contact des agriculteurs. Coup de chaleur au sens propre et figuré sur la route qui nous éloigne d’Ambositra : l’odeur acre de brûlé, forêt incendiée ou four de briques, devient oppressante. Volontaires ou accidentels, les incendies crépitent de part et d’autre de la route, lorsque, au détour d’un virage, nous nous retrouvons derrière un un camion de matière inflammable avec un bel autocollant au dos « défense de fumer ». Alexandre se transforme en Yves Montand dans le salaire de la peur et persuade notre toyota qu’elle peut rivaliser avec une formule 1. Sauvés !
La déforestation est catastrophique sur l’ile rouge, elle est due essentiellement à la pratique du « tavy » culture sur brulôt. la survie des familles rurales dépend de l’utilisation des ressources naturelles qui les entourent. On brûle pour cultiver (ça marche 2 ans, après c’est la savane) et pour alimenter les fours à briques.
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